Détecter le mal être des collaborateurs

Détecter le mal être des collaborateurs

Former les managers.

Plusieurs acteurs interviennent dans le processus de suivi des risques psychosociaux. Le manager en fait partie, en participant à leur prévention. Il connaît ses agents, le travail, et globalement le contexte dans lequel celui-ci est effectué. Il a la capacité de repérer les signaux d’alerte, même les plus faibles, de les faire remonter à la ligne hiérarchique avec au besoin une aide dans l’analyse de la situation (soit par le N+1, soit par des experts internes ou externes), qu’elle soit collective ou individuelle. Ce sera l’encadrant de proximité qui pourra solliciter, généralement avec son supérieur hiérarchique, les outils adaptés pour prévenir une situation à risque. Pour cela, il doit être formé. Les objectifs de la formation peuvent être :

– Comprendre la notion de risques psychosociaux et les enjeux juridiques associés

– Reconnaître les risques pour mieux les anticiper

– Donner les clés pour agir de façon adaptée, tout en restant dans son rôle de manager

– Savoir à qui s’adresser pour passer le relais lorsque c’est nécessaire

– Être acteur de son propre équilibre

La communication à distance.

Une bonne communication doit être mise en place pour détecter les signes.  Il est important d’échanger régulièrement et de garder le contact.

Proposer des entretiens individuels aux collaborateurs qui le désirent en organisant des rencontres virtuelles régulières. Privilégier les vidéos conférences. Ainsi plusieurs signes seront repérables : 

– Changement d’expressions faciales

– Salariés n’activant plus leur caméra, cela peut être signe de laisser aller.

Les signaux à observer.

Il existe plusieurs symptômes liés au surmenage, plus ou moins aisés à déceler selon la personnalité du collaborateur en question (les introvertis cacheront davantage leur état, par exemple) et relativement variés, parmi lesquels :

– La fatigue : un collaborateur qui arrive constamment fatigué dès le matin, dont les yeux sont distinctement cernés et creusés, qui parle d’insomnies, de difficultés d’endormissement, de problèmes digestifs… est un collègue stressé. 

– Un absentéisme accru : des pauses qui s’éternisent, des retards de plus en plus fréquents, un retrait en réunion, un détachement avéré quant à ses missions et/ou responsabilités, des arrêts maladie à répétition, etc. sont les signaux avant-coureurs devant être pris au sérieux, car ils dénotent un niveau de stress très élevé.

– Des erreurs plus fréquentes : rendez-vous oubliés, réunions mal/non préparées, dossiers rendus en retard, etc. sont des signaux à prendre en considération.

– Une difficulté de concentration : incapacité à raisonner de manière rationnelle, idées embrouillées, confusion… sont des symptômes de stress passager – ou non.

– Un manque de discernement : un collaborateur affolé à la moindre petite difficulté, déboussolé par un changement mineur, incapable de prioriser doit alerter le manager sur un état de surmenage. 

– Une altération des relations avec autrui: émotions à fleur de peau – agressivité, irritabilité, évitement… sont autant de symptômes qui doivent alerter le manager.

– Douleurs physiques : maux de tête, migraines, mal de dos, articulations douloureuses, nuque raide… sont des signaux de tensions qui ne doivent pas être ignorés.

– Addictions : abus de café, boissons énergisantes, cigarette ; prise ou perte de poids rapide et notable… des signes avant-coureurs de stress.

Les bénéfices d'une bonne écoute.

Cette écoute de la part du manager permet, entre autres de :

– Différencier le stress ponctuel du stress permanent : un état de tension dû à une surcharge ponctuelle de travail peut être décelé par le manager, qui s’emploiera à adapter son mode de management à cette situation, afin que la sérénité regagne rapidement l’équipe. A l’inverse, un état de stress permanent doit l’inciter à réagir rapidement, afin d’aider le collaborateur en difficulté – ou en danger – le plus rapidement possible.

– Avoir un retour sur sa pratique managériale: si tous les collaborateurs montrent des signes de stress constant, il y a fort à parier que le manager met trop de pression, fixe des objectifs difficilement atteignables ou bien encore soit totalement désorganisé dans sa fonction.

– Renforcer la cohésion de groupe et l’intelligence collective : face à un collaborateur stressé, toute l’équipe doit se sentir concernée. Chacun peut avoir un rôle actif et constructif dans la gestion de cette situation.

– Diminuer l’absentéisme : des collaborateurs heureux et détendus seront moins malades, davantage présents.

– Augmenter la productivité individuelle et collective : un salarié sous stress tourne généralement au ralenti. Ses capacités cognitives, sa concentration, son attention peuvent être grandement altérées selon le niveau de stress atteint. A l’inverse, des collaborateurs détendus seront plus productifs, plus créatifs, plus enclins aux échanges, et donc plus productifs.

La matrice ACT

La matrice de la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT)

Avec la généralisation soudaine du télétravail, de nombreux salariés ont mal vécu le manque d’interactions physiques durant le confinement, observant des changements au niveau de leur comportement. Pour y remédier, certains outils peuvent s’avérer utiles, telle que la Matrice de la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT), permettant d’aider les équipes à travailler à distance malgré leurs difficultés.

Qu’est-ce que l’ACT ?

L’ACT a été développé par le psychologue Steve C. Hayes, Kirk D. Strosahl et Kelly G. Wilson. Les initiales «ACT» sont un acronyme anglais signifiant Acceptance and Commitment Therapy, c’est-à-dire Théorie d’Acceptation et d’Engagement en français.
Cette thérapie se base sur 6 processus de flexibilité psychologique permettant des effets bénéfiques durables. Selon Steve C. Hayes, plus une personne présente des processus de flexibilité psychologique, plus elle se sentira mieux sur le long terme.

Les 6 processus de flexibilité psychologiquesont: l’acceptation, la défusion, le «soi observateur », l’action engagée, ses valeurs et l’instant présent.

Ces processus vont permettre de développer sa flexibilité psychologique, c’est-à-dire la capacité d’accepter les pensées problématiques, que nous ne pouvons pas changer. Il convient donc de réussir à modifier ses comportements et dégager les ressources nécessaires pour agir là, où il est possible d’agir. Cela vise à se rapprocher de ses valeurs et à choisir la direction à prendre au regard de ce qui est important dans sa vie.

Représentation de la matrice ACT.

Cette approche a ensuite été développée sous forme d’une matrice par K. Polk, M. Webster, J. Hambright, B. Schoendorff et K. Mudd. La matrice ACT permet d’activer les 6 processus sur lesquels s’appuie l’ACT au moyen d’un schéma présenté ci-dessous :

Comme nous le constatons, il y a 4 quadrants avec deux axes différents. L’axe vertical est l’axe figurant notre expérience et notre mental c’est-à-dire nos pensées, nos sentiments, nos souvenirs, et tout ce qui se passe à l’intérieur de nous. Nous pourrions le définir comme notre monde symbolique. De l’autre côté de cet axe, il y a l’expérience des 5 sens que représente le monde physique, il s’agit ici de ce que nous expérimentons avec nos 5 sens.

Le second axe est l’axe horizontal, ce dernier permet d’orienter son comportement: s’approcher ou s’éloigner. Ici, il faut se demander si nous pouvons avancer vers nos valeurs ou non.

La compréhension de nos mécanismes internes permet de différencier les comportements, qui nous font souffrir, de ceux qui soutiennent ce que nous souhaitons réellement.
Cette connaissance de soi et le simple fait d’être capable de faire cette différence augmentent considérablement nos chances de faire ce qui est important pour nous.

Le télétravail vécu comme un traumatisme.

Le télétravail a été vécu comme un traumatisme pour bon nombre de salariés ayant mal vécu le confinement. En effet, le confinement a pu dans certains cas provoquer un stress post- traumatique pour certains travailleurs. Il s’agit alors d’une souffrance dans la matrice ACT qui peut changer le comportement des individus.

Utiliser la matrice ACT dans l’entreprise.

Les souvenirs traumatiques liés au confinement peuvent provoquer un déséquilibre dans la vie des individus, qu’il est possible d’atténuer grâce à la matrice ACT. Cette dernière peut être utilisée au sein des entreprises.
Les managers peuvent aider les collaborateurs en les invitant individuellement à trier leurs expériences et leurs comportements dans la matrice.

D’une part, il faut qu’ils trient ce qui est important pour eux tels que leur famille, aider les autres ou avoir un travail qui a du sens, ce qui représente ce dont ils doivent se rapprocher, en haut à droite de la matrice. En bas à droite, ils doivent inscrire leurs comportements d’approche, tels que passer du temps avec leur famille.

Ensuite, ils doivent écrire ce dont ils doivent s’éloigner. Cela commence par ce qui leur fait mal tel que le confinement en bas à gauche, et ce qu’ils ont eu comme réaction en haut à gauche, comme par exemple se mettre en colère.

Grâce à cela, ils peuvent remarquer que leurs mauvaises pensées ou émotions qui se sont manifestées en bas à gauche les ont poussés à se comporter d’une manière qu’ils n’auraient probablement pas choisie.

Cet outil peut être utile pour aider à renforcer la compréhension et l’empathie au sein des équipes de travail. C’est aussi un exercice qui peut rappeler à tout le monde que les collaborateurs ne sont que des êtres humains faisant de leur mieux. De plus, il permet de rendre compte des types de contraintes et de limites que le télétravail apporte.

La matrice ACT permet de faire le point pour les collaborateurs ayant vécu un traumatisme lié au confinement ou vivant mal le travail à distance. Il s’agit donc d’un atout très utile, permettant avant tout une prise de conscience, pour ensuite pouvoir avancer.

Les conflits à distance

Les conflits à distance

Anticiper le conflit.

Le conflit ne survient jamais dans un désert relationnel, mais s’inscrit dans une logique de construction et de déconstruction du lien entre les personnes.

Bien qu’il soit toujours possible de pointer du doigt l’élément déclencheur d’un épisode conflictuel, ce dernier peut parfois être davantage une excuse que le réel fondement du conflit.

Pour anticiper les conflits, il est essentiel d’engager le dialogue lorsqu’on remarque une situation pouvant découler sur une telle situation. Au mieux, on y aura vu juste et cela permettra de désamorcer une situation sensible dès ses prémices, et au pire, cela permettra un échange dont le salarié retiendra l’attention témoignée à son égard.

En entreprise, on remarque assez rapidement un collaborateur qui a une petite mine. A distance cela devient plus compliqué de repérer les signaux faibles. Les managers doivent augmenter leur vigilance. Par exemple, un changement dans la qualité des rendus peut vous alerter.

L’attitude à adopter.

Certains conflits au sein de l’entreprise ne sont pas discutés parce que l’on pense que cela ne changerait rien, souvent par peur d’aggraver la situation. Certes, certains ne méritent effectivement pas d’être soulevés, la plupart des conflits apparemment mineurs cachent un problème de fond.

En tant que manager, vous devez aider vos collaborateurs à ouvrir les yeux sur l’existence d’un conflit pour pouvoir le prendre en charge immédiatement. Cette pratique nécessite de votre part à la fois de la lucidité et du courage.

N’hésitez pas à poser des questions pour essayer de comprendre la nature du problème : « Depuis le confinement, est-ce que tout va bien ? Est-ce que des choses ont changé ? ». Avec la distance, vous ne savez pas ce qu’ils vivent, certains sont peut-être endeuillés, malade, etc.

Il ne faut pas harceler vos collaborateurs, mais il est important de prendre le temps de vérifier si tout va bien. Certes, cela peut paraître futile, mais cette pratique permet d’éviter les dérapages.

La communication est une notion clé qui permet d’éviter l’apparition de conflit.

Il faut maintenir un lien social avec les collaborateurs et rester disponible pour éviter un sentiment de solitude.

Identifier le conflit.

Les conflits naissent des relations entre les individus. Ils découlent, entre autres, de la diversité des attentes individuelles ou collectives ainsi que des différences entre les intérêts de chacun. De plus une interdépendance croissante entre les personnes, l’augmentation de la charge de travail et les pressions externes constituent autant de situations propices à l’apparition des conflits.

Afin de comprendre l’existence de cette situation sensible, il est essentiel d’identifier le conflit auquel nous devons faire face. Il existe plusieurs types de conflits :

–  Le conflit d’activité, en rapport avec la nature des tâches ou les façons de faire

–  Le conflit de relation, en rapport avec la nature des liens, les comportements des personnes

–  Le conflit de valeurs, en rapport avec l’identité, les croyances et valeurs de chacun

–  Le conflit intrapersonnel, résulte de la présence de motivations, désirs, sentiments ou exigences contradictoires chez l’individu

–  Le conflit interpersonnel, survient lorsque deux individus vivent une mésentente au sujet des buts à poursuivre, des valeurs, des attitudes ou des comportements à adopter

–  Le conflit intragroupe, consiste en une mésentente qui touche plusieurs personnes d’un même groupe

–  Les conflits intergroupes, survient lorsqu’un groupe entre en conflit avec un autre groupe

–  Le conflit vertical, concerne les mésententes qui opposent les individus appartenant à des niveaux hiérarchiques différents

–  Le conflit horizontal, survient entre des collaborateurs ou des groupes d’une même strate hiérarchique

Par la connaissance de l’origine du conflit, de son évolution et de son positionnement temporel, vous serez mieux à même d’évaluer l’efficacité potentielle des stratégies pouvant être utilisées afin de résorber la situation.

Résoudre le conflit.

En cas de conflit, priorisez le dialogue par téléphone et non par courriel. Echanger par écrit lors d’une situation de conflit est la meilleure façon d’interpréter des propos de travers, car on interprète le message avec son état émotionnel et son égo. Avec le canal audio, les intonations de la voix facilitent la bonne réception du message.

Il est important de :

–  Prendre du recul

–  Proposer un échange téléphonique ou via les outils de visioconférences.

–  Eviter de rentrer de but en blanc dans le sujet, commencez par prendre des nouvelles

–  Faire le premier pas pour désamorcer la situation

–  Ecouter le collaborateur

–  Proposer des solutions liées à sa situation

–  Faire un point régulier de l’avancement de la situation